Nous partons du constat que les critiques de l'idée de nature n'ont guère été développées que par certaines franges du mouvement féministe (mais en s'arrêtant aux frontières de l'humanisme), et restent complètement ignorées de la plupart des autres mouvances politiques se situant dans ce qu'on appelait naguère la gauche - gauche plurielle, extrême gauche, ultra-gauche, situationnisme, anarchisme, alternative ou écologie...
Pourtant, ces remises en cause nous semblent fondamentales si l'on veut changer le monde vers quelque chose de mieux, et prendre véritablement en compte tous les aspects de la vie.
Nous refusons le naturalisme, c'est-à-dire l'idée de nature, selon laquelle le monde est une totalité, ordonnée ou équilibrée ; par conséquent, nous n'acceptons pas l'idée que ce qui est réputé "naturel" puisse en quoi que ce soit servir de modèle, ni ne pensons qu'il existe une nature des choses. Nous remettons donc aussi en question l'idée qu'il existe des choses naturelles et d'autres artificielles, des éléments chimiques et d'autres "biologiques", etc... Nous contestons qu'il existe une nature humaine, bien sûr, ou par exemple féminine ou masculine, mais, aussi bien, nous contestons qu'il existe une nature féline ou canine, etc.
C'est que l'idée de nature reste centrale pour légitimer les normes, quelles qu'elles soient, et, partant, les dominations et les oppressions ou marginalisations, comme celles exercées envers les animaux (spécisme), envers les femmes et envers les sexualités non-hétéro (hétérosexisme), envers les enfants ou les vieux (âgisme), envers les handicapés...
Et, paradoxalement, cette idée de nature joue un rôle central au sein de l'humanisme, qui, loin d'être l'idéologie égalitaire et généreuse que l'on imagine, légitimait très bien autrefois le patriarcat, l'esclavage ou le colonialisme, et continue aujourd'hui à justifier la mise sous tutelle des enfants, l'enfermement des fous et des handicapés, l'instrumentalisation absolue des animaux.
Bref, tout cela pour dire que tahin party souhaite contribuer, entre autres, à substituer la réflexion éthique et l'analyse politique à la normalité dite naturelle, et cela aussi bien dans les domaines dits du personnel, de la politique, de la bioéthique, des moeurs, et même de "l'environnement".
Voilà. C'est d'une entrée en matière qu'il s'agit là ; pour en savoir plus, il vous reste à lire les bouquins !